Que va-t-il advenir de nous? (libre)

Mon père était toujours aussi mal, les terres aussi délabrées, et moi aussi impuissante. J'avais beau oublier mes soucis en taquinant Wyatt, en souriant, en faisant la forte, au fond rien n'allait dans ce nouveau monde. Matthew avait dévastés ces terres, maintenant Origa était réellement en train de mourir. Les seules parcelles de terre où la verdure poussait encore, c'était ici, dans cette ville fantôme. La nature et la vie ne pouvaient donc plus coexister? Est-ce l'un devait mourir pour laisser vivre l'autre? Je ne voulais pas y croire... Après tout les efforts de mon père, après ces combats, est-ce que nous avions réellement perdu?
C'était la tête pleine de ces pensées lugubres que je voyageais au milieu de ce qu'il restait de cette ville dans laquelle j'avais grandit. Plus rien n'était comme avant, même les terres neutres avaient été complètement dévastées. La forêt dans laquelle je jouais enfant n'était plus rien, la fête foraine n'était plus qu'un endroit désolé et flippant. Vraiment, qu'allions nous faire? Si nous commencions une nouvelle guerre, alors nous détruirions encore plus ce qu'il restait d'Origa... Et a quoi bon encore se battre pour une terre déjà morte?
Je poussais un long soupire en m'asseyant sur l'ancienne fontaine. Il n'y avait plus que de l'eau stagnante dans celle-ci, et quelques ronces qui tentaient de se faire une place dans ce nouveau monde. Comment est-ce que je pouvais espérer rendre son sourire à mon père alors même que le mien disparaissait. Quelle salle époque pour les êtres du bien... L'espoir n'était plus qu'un rêve maintenant. Peut-être que Waren en avait encore, mais moi j'étais lassée de croire en ces utopies. De rêver un monde meilleur.

Une larme coula doucement sur ma joue, et je n'eus pas le temps de l'essuyer. Quelque chose venait. Je me redressais rapidement, et j'eus à peine le temps de dire ouf qu'une créature me bondissait au visage. Difficile de définir ce que c'était, Origa avait fait apparaître des choses étranges depuis que ces terres étaient à l'abandon. Cela ressemblait à un chien, croisé avec un dragon. Enfin... Autant dire que ça ne ressemblait à rien. Heureusement j'avais de bon réflexes, je tapais dans mes mains et déformait le son pour le rendre tellement aigu que l'animal partit en courant. Ce bruit avait l'air insupportable, j'étais bien heureuse de ne pas l'entendre.
Mais je sentais encore une aura, quelque part autour de moi. Je cherchais rapidement, sans rien trouver. les poings serrés, prête au combat.

- Qui est là?!

Je plantais mon regard dans celui du nouvel arrivant, il avait les yeux comme moi, rouges comme le sang. Je posais une main sur ma taille alors qu'il semblait vouloir ne pas me faire peur. J'avais l'air si fragile que cela, vraiment? Dans ce monde-ci pourtant personne n'était fragile, les faibles étaient tous morts ou cachés. Moi, j'osais sortir, je n'avais pas peur. Je savais que je pouvais me défendre. Mais visiblement mon corps de fille trahissait cette aptitude au combat.
Je fus étonnée lorsqu'il avoua qu'il vivait ici. Il n'était pas un des membres des forces de Dieu... Alors qu'est-ce qu'il faisait ici? Il campait? Vraiment quelle idée... Si il venait à trouver notre cachette il pourrait nous dénoncer, pour de l'argent ou encore pour le prestige. Il fallait absolument qu'il ne se doute de rien. Sinon les anges allaient vers leur perte, déjà que nous n'étions pas bien puissants...

- Je me permet simplement de visiter les terres qui appartenaient à mon père... Et accessoirement dans lesquelles j'ai pu grandir.

C'était risqué de lui avouer que j'étais la fille de Dieu mais je n'en avais rien à faire. Si il décidait de se battre, je le ferais reculer jusqu'à ce qu'il oublie l'idée de me tuer. J'étais tendue, sur mes gardes, et c'était bien normal après tout. Avec toutes ces patrouilles de démons, peut-être que c'était juste quelqu'un envoyé pour faire semblant. Bien que j'aurais été étonnée que les démons puissent faire de tels plans, il fallait se méfier. Après tout si ils avaient tenu tête à mon père tellement longtemps c'était sans doute parce qu'ils avaient un cerveau eux aussi.

- Si tu viens de Yomi retourne d'où tu viens tout de suite. Je refuse que ces terres soient souillées d'avantages par ce genre d'idiot.

Je poussais un long soupire, je ne pouvais pas lui en vouloir. Au fond de moi je sentais qu'il ne se foutais pas de moi, qu'il était sincère. Et puis... Juger les gens sur les races n'étaient pas un bon plan, moi-même du sang vampire coulait dans mes veines. Je m'assis sur un ancien mur de maison, levant les yeux vers le ciel. Les créatures ici étaient toutes dangereuses, souvent plus que les démons eux-même, mais c'était les seules qu'il restait encore sur cette pauvre Origa.... Vraiment, le monde allait plus mal que j'aimais. Il aurait peut-être fallut laisser les humains seuls, même si ils la détruisait ça allait bien moins vite...

- Observe tant que tu veux... Après tout c'est tout ce qu'il reste de l'oeuvre d'Origa, même si cette oeuvre à changé. Dire que nous étions la pour la protéger...

Je baissais la tête quelques instants, j'avais le sentiment que... Les anges avaient été un peu coupables de ce qu'il s'était passé. Je me relevais pour attraper un fruit et l'ouvrit en deux, tendant une partie à ce pauvre gars que j'avais prit pour un suppot de Matthew.

- Tiens, ils sont délicieux ceux-là. Mais méfie toi des fruits ici... Et des animaux. Je me méfie plus d'eux que des envoyés de Matthew.

Je lui souris doucement et en voyant les graines dans le fruit que je venais de couper j'eus soudain une idée. J'attrapais sa partie avant même qu'il n'ait le temps de mordre dedans!

- Désolée je te le rends tout de suite!

Je m'assis à nouveau et commençait à retirer toutes les graines contenues dans le fruit.

Je tournais la tête vers lui, un grand sourire sur le visage.

- Oui! J'irais les planter dans les terres neutre! Comme ça ça redeviendra un peu plus comme avant!

Je lui souris, lui tendant finalement la moitié de fruit dans laquelle il n'y avait plus aucune graine. Je pris ma moitié et le mangea, laissant les graines à coté de moi. Ce n'était pas grand chose, ça n'allait peut-être pas fonctionner, mais je voulais y croire. Parce que l'état d'Origa me rendait triste et surtout rendait mon père triste. Si je voulais revoir son sourire, il fallait que je fasse quelque chose. Foncer tête baissée vers les terres de Yomi ne servait à rien, je risquerais de mourir et mon père n'en serait que plus malheureux encore. Il fallait que je fasse de mon mieux pour redonner aux terres désolées leur beauté d'autrefois.

- Et mon père retrouvera son sourire! En plus les gens pourraient peut-être recommencer à y vivre, et les animaux aussi!

Je me redressais d'un bond, croquant dans le fruit. Je levais le poing vers le ciel, le regard déterminé.

- Moi, Katalina, je promets de rendre à Origa sa force et sa beauté!

Je souris un peu tristement lorsqu'il me demanda si mon père allait si mal que ça... Oui, il allait mal, vraiment, mais ce n'était pas seulement à cause de toute cela... Je posais mes mains sur ma taille, poussant un léger soupire.

- Il est très mal, parce qu'Origa se meurt mais... Aussi parce que Satan est mort. Je ne le comprendrais jamais, mais il dit sans cesse que pour lui c'était un ami. Mais même si je ne peux pas comprendre ça, je fais de mon mieux pour lui remonter le moral. Il a toujours été là pour moi... Quand j'étais triste lorsque je me rendais compte que je n'aurais jamais de souvenirs de ma mère... Il a toujours tout fait pour que je puisse sourire à nouveau. Maintenant c'est à mon tour de lui rendre le sourire! Je m'en voudrais trop de le laisser ainsi sans réagir!

Je souris doucement au démon, croisant les bras derrière ma tête.

- Merci pour le compliment au fait! Et ton aide sera la bienvenue! J'ai jamais jardiné donc bon... Et puis c'est toujours plus drôle à plusieurs!

J'attrapais les graines et les rangeait dans mon petit sac, de manière à ne pas les perdre. Ce serait dommage. Je terminais de manger mon fruit, repensait à ces nuits ou je pleurais parce que je n'avais jamais vu maman... Et puis mon père qui venait me prendre dans ses bras, me réconforter. Il me racontait des histoires qu'ils avaient vécu et surtout combien elle avait été heureuse de tomber enceinte de lui. Je le revoyais me sourire alors que lui-même était triste d'en parler. Je voulais... Revoir ses sourires. L'entendre rire, le voir avoir envie de se lever le matin. Je voulais qu'il aille tout simplement mieux, même si pour cela je devrais me salir les mains dans la terre souillée des terres dévastées.

- Je ne connais pas vraiment les détails de cette histoire... Je n'aime pas en entendre parler, je trouve cela futile. Et pour moi... Ne t'inquiète pas, je m'y suis faites, un peu comme toi, même si c'est triste.

Je lui souris un peu, l'attrapais par le bras avec un grand sourire.

- Bien, et si nous allions jardiner un peu alors?! On commence par quoi? Les zones proches d'ici?

J'étais tellement contente de mon idée que je ne pouvais plus attendre d'y aller. Je voulais aider ce monde à revivre, sans être pour autant à l'avant de la scène. Je me fichais de la guerre qui se préparait, des conflits entre les grands. Moi je voulais simplement aider la terre, aider mon père.
Je me demandais quand même de quelle manière il était né, est-ce qu'il était une création de scientifiques ou quelque chose dans ce genre? Ou bien comme papa une... Création d'une déesse? Non, cela semblait peu probable... Si Origa créait encore ou bien... Si d'autres dieux agissaient sur notre monde... Que se passerait-il? Enfin... C'était... Trop bizarre.
Je me mis en marche en le tirant par le bras doucement.

- Et... Tu es né de quoi? Enfin... De scientifiques?

Je l'observais un peu perplexe. Bon, le soleil et la lune étaient bel et bien présents, mais de là à être de la même espèce qu'Origa, j'y croyais pas beaucoup. Mais bon, j'allais pas non plus le traiter de menteur! Au pire si il mentait vraiment il finirait bien par me dire la vérité avec le temps! On arriva rapidement aux limites de Rakuen, après tout nous n'étions pas bien loin de base. J'avançais jusqu'à un lieu vide de vie et croisais les bras.

- Il suffit de mettre les graines sur le sol et d'attendre?

J'attendais quand même qu'il me réponde pour être sure. Après tout j'avais vécu en ville, j'avais jamais eut à jardiner ou quoi que ce soit dans ce genre là. Alors j'y connaissais vraiment rien. Si c'était aussi facile que ça j'allais me lancer dans la carrière! Après tout juste jeter des graines sur le sol, c'était pas bien difficile. Et manger des fruits pour avoir des graines n'avaient rien d'un travail, c'était un amusement.

- Ah et les arroser aussi, non?